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COUCOU NET 13 ème


Vendredi 8 mars 2002


Nous sommes à Marie Galante depuis exactement une semaine. Pas une minute pour penser à notre coucou net. Nous avons retrouvé ici, le rythme trépidant de la vie à terre.

Nous sommes reçus dans une vraie maison, Nicole et Gérard... Ils nous ont accueillis avec une telle gentillesse que pour un peu je dirai notre maison. Bon, faut pas exagérer tout de même. Nous nous sentons bien à Grand Bourg. C'est une petite ville très agréable. Tout ce qu'il faut pour vivre au quotidien et l'accès facile à toutes sortes de sites vraiment formidables. Marie Galante, c'est de longues plages bordées de cocotiers ou de raisiniers. Des plages presques désertes. Marie Galante c'est aussi des balades à travers les falaises et les rochers coraliens qui brisent les vagues. Certain jour de vent fort nous avons fait un circuit magnifique. La mer déchaînait ses vagues sur les franges de roche. Les rouleaux éclataient et jaillissaient comme un violent feu d'artifice sur le corail. La mousse ruisselait et la mer se couvrait d'une épaisse crème fraîche battue par le vent. Le vent quelquefois nous envoyait des flocons de cette mousse à travers les embruns. On en aurait mangé.

Hier, mi-carême. Les antillais fort respectueux de tratidions religieuses, voudraient nous faire croire qu'ils respectent ce carême, au moins le vendredi. Mais c'est long un carême de quarante jours... La mi-carême est une trêve dans le jeûne et l'abstinence. Faut les comprendre, c'est une sympathique manière de se reconditionner et de tenir le coup. C'est une sacré fête à défaut de fête sacrée. Les défilés ont repris toute la journée ; le camion de pompiers qui a trimbalé la sono ; les groupes de musique locale qui déambulaient à travers toutes les rues de la ville et dans tous les sens. A chaque passage on a moissonné de pieux fêtars habillés de rouge et noir. Ou des fêtards tout court. Ceux qui étaient pas en rouge et noir étaient en noir et rouge. impossible de les distinguer. Ils s'arrêtaient tous pareils en route pour boire un coup de "ti punch" et grignoter du boudin en tortillant les fesses. Et ça repartait pour un tour.

Pour échapper à l'ambiance torride de la ville, nous sommes sortis pour une journée d'initiation à la pêche vec nos amis. La tempête annoncée sur l'atlantique nous a donné en Caraïbes une mer très agitée et un vent irrégulier avec de fortes averses. Nous n'avions pas pensé que la mer aussi ferait sa mi-carême version antillaise. Pas de poisson digne d'être ramené à bord.

On longe la plage de Saint Louis, un mille environ des côtes. La mer est nettement plus calme.
"C'est pas très propre par là, y'a plein de taches sombres qui flottent. On dirait des ronds d'algues ou d'herbes brunes...
Cette subtile observation, c'est moi bien sûr.
"Mince, c'est bizarre," ça c'est les autres qui se penchent par dessus bord pour voir de plus près. Voyons de plus près, donc !
Zut alors, incroyable, le rond de pelouse, il a des petites pattes qui tricotent à toute allure pour se déplacer à fleur d'eau.
Zut encore plus fort, y a une toute petite tête qui se lève doucement.
A bord, le silence est total. C'est des tortues, Trois magnifiques tortues qui se carapatent à toute allure pour rejoindre la plage. Un nouveau petit coup de tête dehors, et plof, la vision disparaît. Elles nous ont repérés et se planquent sous l'eau.

Autre surprise, grâce à nos amis locaux, nous mouillons sur un corps mort. Il y a deux bouées, une rouge pour prendre les amarres, une blanche qui signale la position du mouillage. Au retour, la bouées blanche elle s'est carapacée... Pardon, il ne s'agit plus de tortues.

Nous avons dormi à terre cette nuit, comme les nuits précédentes dans la vraie maison de Nicole et Gérard, dans une vraie chambre qui a partout hauteur sous barrot, dans un vrai lit qui bouge pas... Franchement depuis une semaine nous sommes de vrais pachas. Mais on vient quand même faire un petit tour pour rassurer notre voilier qui pourrait se sentir seul. Faudrait pas qu'il lui prenne l'envie de se carapacer lui aussi, vers les tortues.

En arrivant ce matin, nouvelle surprise, une rame de l'annexe a été mutilée. Et nous sommes vraiment surpris que quelqu'un se soit donné la peine de déclipser le bout de pale pour ne laisser que le manche. Fallait vraiment que ça lui fasse défaut ce bout de rame... Laurent revient seul à bord en godillant (comme un manche sans pale), avec la rame qui lui reste. (Il a le vent contre lui, le courant et pas de dame de nage). Il installe le moteur et s'énerve, s'énerve, s'énerve... le hord bord ne veut pas démarrer. On lui a piqué son essence vous vous dîtes... loupé, il a juste oublié d'ouvrir l'arrivée du carburant... C'est comme ça quand on est très contrarié, Bon finalement on a pu fraire la navette entre le quai et le voilier avec le plein de frais, de boissons, de pains...
Ce soir dernière nuit à terre. Demain départ pour une navigation qui doit nous mener à Antigua en plusieurs étapes. La première ce sera "les Saintes". Etape que nous connaissons désormais n'est-ce pas ? Après on verra...

Je vous tiendrai au courant, un peu plus tard... Juste pour vous rappeler que le soleil brille toujours quelque part et qu'il fait rudemement bon sous les tropiques en hiver...