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COUCOU - NET 2ème émission

Samedi 10 novembre.

Journée sage à Carhagène. La tempête fait rage et on est secoué jusque dans le port. La météo annonce force 11 dans le golfe du lion. Le coup de vent se déplace vers les Baléares... Mais d'abord, il va nous décoiffer... Les bateaux affluent dans le port.

Il y a beaucoup de pavillons français ici. Je traîne sur les pannes entre deux averses et le vent qui me bouscule. J'aime bien intercepter des petits bouts de conversation. Ils viennent de n'importe où tous ces équipages. Il y a un mec en face dont la femme vient de se casser ... Il interroge tout le monde. "D'où tu viens ? comment c'est là-bas ; Où tu vas ? Quand ? t'as des infos à me filer... Tu sais comment c'est Gibraltar !"

Nous sommes tous ici pleins d'incertitudes, mais lui, il est fascinant parce qu'il les affiche. Les autres, tous les autres qui font semblant de pas en avoir des incertitudes, ils ont toujours quelque chose à lui dire... Il rassure cet homme, si on peut lui répondre c'est qu'on est mieux armé que lui face à la mer et à ses pièges. A bien les écouter ces plaisanciers, on s'aperçoit qu'ils disent aussi n'importe quoi... Prudence, prudence, il va falloir faire un tri sélectif des infos captées au hasard des rencontres. Et finalement éviter les questions... Quand il est question de la mer, il n'y a pas de question juste, elle est si changeante. Alors pourquoi espérer des réponses justes ?

Laurent sort du carré, émerge le regard un peu flou de son monde informatique. Nous profitons d'une éclaircie pour aller traîner un peu en ville. S'offrir une sortie bar, pourquoi pas ? Rencontrer des gens, baragouiner entre l'anglais et l'espagnol, comme deux vaches de la nationalité que vous voudrez. C'est très rigolo de pas savoir quelle sorte de vache on est. Carthagène nous déconcerte. C'est une ville sympathique mais dévastée. L'ancêtre carthaginois qui a créé la ville nous fait rêver. Hastrubal... As trou de balle... C'est notre première impression. C'est d'abord un site de fouilles perpétuelles. Dans la vieille ville éventrée, les murs explosés côtoient des maisons précaires. D'une rue à l'autre on passe d'un monde propre et aseptisé à un monde dévasté. On ne sait jamais où on va poser les pieds. On suit de belles artères bien vivantes, bordées de palmiers, puis on croise des venelles rustiques et odorantes. Quelques pas plus loin on débouche sur un chantier archéologique plus ou moins abandonné qui a des allures de décharges publiques.... La foule est dense et colorée. Je pense à l'Opéra des Rats... C'est vraiment une ville très étrange. Ce n'est pas là que nous viendrons hiverner avec notre navire...

Dimanche 11 novembre, la tempête fait rage, mais on s'en fout. 8 heures du matin, on est réveillé par le clairon de la caserne voisine. Les autres jours on était tellement crevé qu'on ne l'avait pas encore repéré. Il pleut, il fait un temps de chien, 10 ° au réveil.... Laurent se lève le premier. Il installe le petit radiateur électrique de Jo pour tempérer le carré et se recouche. Rudement sympa ce petit radiateur. Sous la couette, le clairon nous a rendu joyeux. On fredonne le coeur des gamins pour se croire dans Carmen ; ça nous fait rire.

Matinée lecture, tranquille. Laurent est captivé par son ordi et les cartes PC qu'il apprend à maîtriser... Michel on te doit un grand merci. Cet atlas mondial est fort secourable. Laurent vient de découvrir dans le secret des fenêtres informatiques les indications de marées par zone... Inestimable ce trésor... Je mitonne des petits repas avec les vivres frais du marché... On a eu des nouvelles des deux garçons par SMS (message texto - économique et rassurant - vive la technologie). Je me sens bien. C'est chouette la tempête vu d'un bon abri.

Lundi 12 novembre. Les avis de coups de vent, s'enchaînent les uns aux autres. On attend tous une météo plus favorable. Des plaisanciers, pas si plaisants que ça, nous disent qu'on est parti trop tard pour la traversée vers les Canaries.... Ils nous disent aussi que le plus chiant reste à faire jusqu'à Gibraltar et la météo radote. L'heure est à la déprime. Le vent ne faiblit guère ; il est passé à l'ouest. Autrement dit en pleine face avec une houle de 3 à 4 mètres... Tout le monde reste à quai... Puisque c'est comme ça, je vais prendre une douche chaude au réal club de Carthagène ; le parapluie au retour, ce n'est pas du luxe.

Mardi 13 novembre. Le soleil est revenu. J'ai l'esprit de plus en plus vif en espagnol. Je baragouine un langage infâme, mais je me fais comprendre. En ville, une dame m'a dit que la température actuelle est celle qu'il fait ici d'habitude en janvier... La tempête s'est bien décalée vers l'Est et la météo s'annonce plus clémente même si les avis de coups de vent sont toujours émis sur notre zone. Nous avons hésité à partir ce matin, c'est le vent à l'Ouest et la houle qui nous a finalement retenus ici.

Mercredi 14 novembre, toujours dans la tourmente. Pour nous remonter le moral, nous nous offrirons un gastro en ville. Laurent quand il ne prospecte pas les ouvertures radio prospecte la ville en vélo. A propos de la radio, il a contacté "le réseau du capitaine, sur 14118 MHz à 12 h TU", ce sont des radio amateurs canadiens qui transmettent des bulletins météo très sûrs et très précis ; Cela nous permet de communiquer facilement avec des navigateurs sur toutes zones et ça marche super bien. A cet instant Laurent est en grande discussion avec un mec bigrement informé, sa modulation est un vrai régal. (F5DV, Michel-)

Un peu plus tard, nous passerons par le club internet pour transmettre ce deuxième message. Les délais seront plus longs pour le prochain car j'espère bien que ce sera d'une prochaine escale. Si vous captez la météo des zones, Pallos et Aliboran, vous pourrez imaginer notre éventuelle progression....
Janou B
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PROVERBE COUCOU-NET : si votre femme vous quitte, c'est qu'elle tient plus à sa peau qu'à la vôtre.
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