COUCOU NET
19ème
En route pour la ville.
Horta est une escale très agréable. C'est une toute petite ville,
d'un calme exceptionnel. Les maisons blanches crachent la lumière.
Elles bordent des ruelles qui grimpent tout en haut de la ville. Les monuments
massifs, tout de noir habillés, ne se distinguent guère les
uns des autres. S'agit-il d'un espace administratif, d'un musée, d'une
église ? Les mêmes tours carrées les dépassent,
la même croix au sommet du fronton, et toujours sous le porche, un escalier
monumental.
A part une grande allée qui domine la jetée, il n'y a que des
rues tranquilles. On dirait que la vie s'y passe au ralenti. C'est un choc
lorsqu'on sort de la marina. Car dans la marina, c'est l'effervescence.
Cette ville n'existe que comme escale de voyage ; l'empreinte des navigateurs
y est puissante. Tout le long des quais, sur les murs qui bordent la jetée,
les équipages peignent leurs marques. Des décors très
disciplinés, parfaitement encadrés, alignés en rangs
serrés comme pour une parade. Les couleurs sont vives, et les motifs
expriment toute la fantaisie d'équipages qui ne se prennent guère
au sérieux. C'est une franche gaieté qui accompagne nos pas.
Je suis impressionnée de réaliser à quel point nous avons
besoin de marquer comme ça notre passage. Si les garçons avaient
été avec nous, aucun doute, ils auraient peint notre histoire
sur ce pavé. Mais ni Laurent, ni moi ne sommes artistes. Dommage, nous
serons du clan des anonymes qui n'ont pas de marque.
L'accueil à la marina est chaleureux. En arrivant, il faut passer par
les trois procédures de formalités administratives habituelles
: l'accès au port, l'immigration et la douane. Les trois bureaux sont
contigus et c'est peu de chose à régler. Tout le monde parle
français. Nous comprenons vite que probablement nous resterons bloqués
sur la panne d'accueil pendant notre séjour. "Pani pwoblem"
dirait les Antillais. D'accord. On y est plutôt bien.
Serge qui s'est remis de sa longue veille pète la forme. Il connaît
Horta et nous initie aux rites obligés de cette escale. L'un d'eux,
et pas le moindre, c'est d'aller à la rencontre d'autres navigateurs
au café des sports, l'antre de Peter. Ce bar est une institution pour
le monde marin. C'est une sorte de taverne où s'entasse un monde fou.
La fumée, le brouhaha confus de toutes ces langues qui se croisent,
c'est vraiment une taverne. Il y a d'ailleurs tellement de monde que la plupart
des consommateurs emportent leur bière dehors. Devant le bar, les trottoirs
sont envahis de groupes qui discutent avec animation. Il suffit d'y mettre
les pieds pour rencontrer à coup sûr un visage familier.
En face de Faïal, le monstrueux cône volcanique de Pico essaie
de percer désespérément les nuages qui l'étouffent.
Il culmine à deux mille cinq cents mètres environ. Il mérite
le détour. Une journée touristique avec Serge nous tente.
La navette nous dépose tôt le matin à Pico. Nous y louons
une voiture et nous voilà en route très gaiement à l'assaut
de Pico. Les maisons comme à Faïal sont en pierre de lave recouverte
de chaux. C'est propre, étincelant. Les bordures noires de pierre apparente
donnent un aspect léché à ces constructions souvent sobres.
Des petits carrés de vignobles plantés de roches noires prennent
ce qu'ils peuvent d'un soleil hésitant. Le minéral est une couverture
chauffante. Il entoure les pieds de vigne et réagit comme une bouillotte
naturelle. Il permet de stocker la chaleur autour des ceps et de produire
du raisin malgré les températures plutôt fraîches
qui sévissent aux Açores, été comme hiver. Tout
de même ces carrés de grosses pierres noires d'où sortent
des moignons de vigne vert pâle nous laissent perplexes. Il faudra qu'on
goûte ce vin.
Nous grimpons à travers les volcans. Les sommets sont magnifiques,
pleins de majesté, semés d'une multitude de cratères
envahis d'herbes et d'arbustes. D'innombrables troupeaux de vaches paissent
en liberté dans ces immenses prairies. Nous nous perdrons en voulant
redescendre de ce monde où le végétal a fini par dominer
le minéral. Nous nous perdrons dans le brouillard. Nous nous perdrons
sur une route qui ne débouche nulle part. Nous nous perdrons autour
d'un lac. Mais nous ne louperons pas la dernière navette.
Toutefois, le temps qu'il fait ici, n'a rien à voir avec ce que j'imaginais.
Chez nous, quand les Açores apparaissent sur l'écran météo
avec leur anticyclone, le beau temps s'installe. Les journées sont
ensoleillées et la météo idéale. Anticyclone des
Açores égale beaux temps. Et voilà, qu'ici, on se pèle,
on se mouille, et les coups de vents se bousculent. A quoi ça sert
de vivre si près de l'anticyclone ?
Je suis déconcertée mais je trouve ce climat idéal. Il
fait entre 18 et 20°. En été, la moyenne est de 23°
même si un jour de canicule exceptionnelle fait grimper le thermomètre
à 30°. La pluie y est omniprésente. S'il ne tombe pas des
trombes d'eau, les nuages qui s'arrêtent au dessus des sommets promettent
de sérieux arrosages pas très lointains.
Un après midi, Laurent et moi, nous avons eu la curiosité de
dépasser un peu le cadre du port et de la ville. Derrière la
pointe de la digue nous avons découvert une plage de sable noir immaculé
au fond d'une baie profonde. Le noir est rarement immaculé, mais le
sable de la plage n'est pas blanc, je n'y peux rien. Un. petit sentier monte
gentiment vers une chapelle. Nous décidons de nous y engager. Nous
traversons les ruines d'une usine envahie par une végétation
un peu folle. L'allée qui longe la mer est bordée de tamaris.
C'est accueillant, c'est une invitation à la découverte. Nous
marchons lentement le long de ce chemin qui offre un panorama formidable.
L'extérieur de la ville étale ses constructions noires et blanches.
Nous commençons à grimper. Le chemin se rétrécit.
Il longe la paroi abrupte du rocher. Faudrait pas faire un faux pas. La végétation
s'épaissit. Nous progressons à travers des lignes serrées
d'herbes hautes et de joncs. Quelques pas plus loin, le chemin s'élargit
et nous nous sentons mieux en traversant une forêt de bambous. Nous
ne sommes plus à l'aplomb de la mer. C'est moins scabreux. Un quart
d'heure de grimpée sympathique. Les bambous font place à des
ronces, à des plantes de rocailles. Vision délicate de L'arum
qui dresse fièrement son calice blanc vers le ciel. Pour quelle offrande
? Nous voici encore une fois enchevêtrés dans une végétation
étouffante. Le chemin devient difficile. Pas de coupe coupe sous la
main. Pas même mon couteau suisse. Par endroit des taches de mousse
tendre proposent des abris bien accueillants. Je crois bien que c'est le moment
pour nous de jouer à Tarzan et Jane. Un moment de délicieuse
fantaisie avant de reprendre le chemin enchanteur. D'un coup l'espace s'éclaircit.
Les roches noires découpent la mer. C'est le bout de l'île. On
ne peut pas aller plus loin. Nous nous attardons dans les rochers. Mais nous
serons rapidement chassés par des petits puffins noirs qui nous tombent
au ras des cheveux en piaillant méchamment. Seraient-ils en pleine
vie parentale ? Désolés les amis, on ne voulait pas déranger.
C'est bon, c'est bon, on se casse.
Moi, ce qui m'enthousiasme ici, c'est qu'avec la pluie, la fraîcheur,
ce climat merveilleusement printanier, j'ai retrouvé dans les parcs,
dans les jardins, dans les montagnes, la présence des oiseaux qui me
sont familiers.
Au retour, je suis un peu triste. Laurent doit prendre l'avion pour un aller-retour
inopiné en Provence. C'était prévu mais je refusais d'y
penser. Maintenant son départ est imminent, il faut me caser dans un
endroit où l'accès à terre soit accessible. Ici, à
couple, ce n'est pas commode, c'est une position précaire. Et puis,
j'ai envie de voir autre chose. L'île de Sao Miguel a bonne réputation.
Cette île est sur notre route vers le Sud Est. Quel site mieux que Ponta
Delgada pourrait convenir à ma retraite solitaire.
Laurent va devoir s'absenter une semaine. Autrement dit une éternité.
Nous quittons Horta et tous les équipages qui avaient semé nos
étapes et qui se retrouvent ici en instance de départ pour Gibraltar.
Nous y laissons Serge aussi. Nous partons mercredi en fin de matinée.
Nous avons cent cinquante milles à parcourir, une bonne journée
de navigation en perspective.
Dès la sortie du port, le vent nous tombe dessus, formidable. On avance
au largue. Lune de Miel a des fourmis dans la quille. Il fonce joyeusement.
Nous nous extasions sur la baie d'Horta, de cette ville si sympathique, si
belle dans sa sagesse. Déjà le monstrueux Pico nous fait de
l'ombre. Nous devons longer cette île et dès que nous sommes
sous le volcan, le vent nous fait défaut. Ne nous formalisons pas pour
quelques heures de moteur prévisibles. La mer est belle, il fait exceptionnellement
beau et doux. Nous sommes environnés de dauphins. La côte verdoyante
avec ses petites villes discrètes étincelle. Ne boudons pas
notre bonheur. Une fois dépassé Pico, on repart à la
voile. Mais le vent n'y est plus. On se traîne. Ce n'est guère
important, rien ne nous presse. On doit avancer à environ trois noeuds
et demi. Pourtant la nuit nous surprend lorsqu'elle tombe. On se sent si bien.
Le radar va prendre le relais. Laurent préfère s'installer dans
la cabine arrière. Je reste seule dans le carré. Je serai l'oreille
du bord.
Je dors comme un loir jusqu'à une heure du matin. Un claquement nerveux
de voile me réveille en sursaut. Le navire ballote prisonnier de la
houle. Je réveille Laurent. Le vent est nul. Moteur. On ferle la grand
voile pour qu'elle ne nous dérange pas avec ses claquements. Le foc
qui prend un peu d'air, aussi peu qu'il pousse, nous permettra d'avancer un
peu mieux tout en réduisant notre consommation de carburant. Trois
heures du matin, je suis de nouveau réveillée par des claquements
de voile. Je sors pour observer le foc. Il pendouille, il bat, il a l'air
vraiment misérable. Je le roule, je me recouche. Laurent n'a pas réagi.
Lorsque le jour se lève, il ne promet aucune amélioration de
vent. J'ai beau guetter les risées, scruter l'horizon, la mer est d'un
calme déprimant.
Trois heures de l'après midi, légèrement à bâbord,
loin devant nous, une multitude de puffins s'ébattent dans l'eau. C'est
une vraie légion. Il y en a au moins un millier. Ils sont rassemblés
dans un cercle immense et donnent l'impression de s'amuser comme des fous.
Lorsque nous nous rapprochons de cette cohorte, nous apercevons un escadron
de dauphins qui se précipitent dans le cercle. Ils ont l'air très
pressé. Ils nagent en rangs serrés sans nous offrir leurs habituelles
galipettes à travers les vagues. La mission paraît importante.
On ne plaisante pas. Ils sont au milieu des oiseaux en même temps que
nous et on n'avait jamais vu ça. Les oiseaux plongent au milieu des
dauphins, les dauphins sautent et dansent au milieu des puffins et ça
pousse des tas de petits cris et sifflements fort réjouissants. Pour
quelle sorte de fête maritime se sont-ils réunis ?
Nous arrivons à Ponto Delguada tardivement. Nous sommes guidés
sur la panne d'accueil, encore une fois à couple, mais c'est juste
pour la nuit.
Au matin, après les trois étapes administratives, nous avons
droit à une place très confortable dans la marina. C'est génial
ici. Les marineros sont souriants et disponibles. Les équipements sont
propres, confortables, ouverts jours et nuits. Je sens que je vais m'y plaire.
Laurent est parti pour la France. Je suis seule, indépendante. La ville
m'appartient. Un coup de balai dans le carré, coup de balai dans ma
tête, pour chasser le cafard.
Je dispose d'une semaine pour arpenter la ville dans tous les sens, et même
m'échapper au delà. Je peux aligner les pas sans les compter,
d'un bon rythme. L'île m'appartient, je porte Laurent dans ma tête.
J'aurai beaucoup déambulé dans cette ville. Découvert
des endroits formidables qui doivent être partagés avec lui.
Je me fais donc une petite musette de projets découvertes pour quand
il sera là. Je prospecte aussi en bus, parce que c'est économique
et c'est un moyen de se sentir intégré. Le premier bus que j'ai
trouvé pour aller à Ribeira Grande était un folklore
à lui tout seul. Des images dégoulinantes de bondieuseries molles
étaient collées partout ; des saintes au regard implorant avec
leur assiette jaune paille autour de la tête. Des coeurs transpercés
qui dégoulinaient d'angelots souriants. Des trinités, des Christ
désolés,, il y en avait partout. Au dessus des sièges,
sur les pare soleil, sur le coffre d'affichage des destination à l'avant
et tout autour des vitres. Un chapelet pendait autour du rétroviseur.
Quelle ambiance. Il n'y avait quasiment que des femmes dans ce bus. Il y avait
trois jeunes filles superbes et délicatement brunes. Elles avaient
la chevelure lourde, le regard profond, et leur peau était si claire.
Elles blaguaient, elles riaient. Que faisaient-elles dans ce décor.
Les femmes plus âgées si elles avaient gardé le magnifique
regard de leur jeunesse avaient le grain de peau nettement plus épais.
Mais surtout détail qui me fascinait, leur lèvre supérieure
était ombrée d'une fine moustache plus ou moins drue selon l'âge.
Beaucoup de femmes doivent éclaircir ce fin duvet qui les dérange.
Il est la plupart du temps très discret. Mais je n'avais jamais vu
autant de femmes à moustaches de ma vie.
J'ai découvert des parcs immenses au milieu de la ville. J'ai passé
des heures allongée dans l'herbe à scruter les nuages. Le climat
est si printanier. Il y a des ondées passagères, de la fraîcheur,
du soleil voilé. J'ouvrais grand les yeux, grandes les oreilles. J'avais
oublié la mélodie de la mésange, le pépiement
nerveux de la fauvette, le cri joyeux du rouge gorge et les champs d'étourneaux.
C'est le printemps ici, le vrai, celui que j'aime. Je me suis figée
dans ce printemps qui me ressemble en attente de Laurent.
Un beau soir de ce printemps, il est apparu à la sortie de l'aéroport.
Instantanément, j'ai compris que je recommençais à vivre
pour de vrai. Nous avons décidé de rester quelques jours ici,
pour approfondir les secrets touristiques de cette île prometteuse.
Nous avons loué une voiture pendant deux jour pour sillonner librement
les rues et les routes. La montagne est étonnante. Les mamelons des
vieux volcans assoupis sont couverts de prés et de bosquets verdoyants.
Des légions de vaches crapahutent sur les coteaux pour se nourrir.
Les routes sont bordées de haies d'hortensias de toutes les couleurs.
Les capucines leur grimpent dessus. Leurs fleurs rouges et jaunes y posent
des taches de couleurs vives. Quelquefois un rosier dégringole le long
de la haie. Pendant cette quinzaine, les fleurs ont ouvert leurs pétales
et c'est une véritable explosion de couleurs à travers prés
et champs. Car non seulement les routes sont bordées de ces haies extraordinaires
mais aussi les séparations entre les terres, entre les maisons dans
les villages. Lorsqu'on longe une forêt, les hortensias et les capucines
continuent de fleurir dans le moindre espace de lumière, dans la moindre
clairière. La campagne ici est joyeuse.
Les cultures sont variées. Maïs, tabac, pommes de terre, ce sont
des paysages qui nous sont habituels. Mais les alignements d'ananas ? l'ananas
surgit comme une grosse fleur au milieu d'une brassée de longues feuilles
vertes qui sortent de terre.. Il prend vraiment son temps pour arriver à
maturité,. Il lui faut plus d'un an pour se transformer en fruit ventru
et doré et si odorant. C'est une plante magnifique. A toutes les étapes
de sa croissance, l'ananas est un fruit royal. Alors imaginez tout un champs.
Le thé cultivé ici a une saveur légèrement fumée.
Il est proposé en dégustation dans les exploitations agricoles
qui assurent aussi le tri, le séchage et le traitement des feuilles.
Ces riches espaces de cultures s'étalent à quelques kilomètres
de Ponta Delgada. Ces cultures rares pour nous, sont ici très accessibles.
Dans le centre de l'île, Les lacs bleus et vert ont rempli les cratères
des volcans. Paysages fort reposants et sites de randonnées inépuisables.
Mais certains sous-sols, grognent encore méchamment. les volcans continuent
de réagir. Autour de Furnas les parois de leurs mamelons exhalent des
fumerolles qui envoient d'énormes fumées blanches vers le ciel.
Les sources sulfureuses dégringolent à travers les rochers.
La vapeur s'échappe du sol brûlant. L'eau qui bouillonne dans
les petites nappes d'eau fait éclater une multitude de pustules dans
la moindre mare. Bien entendu, je parle du grondement des roches en ébullition
et j'oublie de vous parler de l'insoutenable odeur d'oeuf pourri que dégagent
les jets de gaz sulfureux. Dans la ville même, c'est presque étouffant
cette ambiance de ville thermale. Le lac de Fogo est un site de légende.
Il faut résister à des kilomètres de brouillard très
dense pour arriver sur le site; la route surplombe le lac et c'est une vision
merveilleuse. Les parois de roches noires qui le protègent sont couvertes
de mousses sombres. Un petit sentier très discret permet de descendre
sur deux cents mètres de dénivelés jusqu'au bord de cette
magnifique étendue d'eau. En continuant la route, un peu plus bas,
un accès à travers la forêt permet d'accéder rapidement
à une cascade d'eau chaude. L'eau dépose de longues et larges
traces rouges sur les roches enflammées par le frottement des minéraux.
Nous n'avons pas pu nous doucher dans ce site étonnant, il était
tard et il faisait un peu frais. Et surtout, vous devez vous en souvenir,
je n'avais pas de maillot de bain. Mais pour ce coup là, je l'ai sincèrement
regretté. La cascade d'eau chaude souffrée, j'aurais bien voulu
m'y frotter.
Sao Miguel est une île très riche en sites naturels. Le tourisme
y est discret, la population exceptionnellement accueillante. On ne subit
pas ici la dure loi de la consommation à outrance. Nous avons rencontré
des paysans dans un village de montagne. On ne parlait pas un mot de Portugais,
ils ne parlaient pas un mot de français. Mais avec les signes, en lisant
dans leurs yeux, dans leurs mimiques, en se touchant, nous n'avons pas tenu
de grands discours, mais les échanges ont été sincères
et rigolos. Nous ne sommes pas des étrangers ici. Plutôt des
gens un peu simplets qui ne sont pas foutus de parler correctement. Si vous
demandez votre route à quelqu'un que vous arrêtez dans la rue,
en quelques instants, quatre ou cinq personnes s'intègrent à
l'échange et deux ou trois vous accompagnent un petit bout de chemin.
Nous sommes tous les deux tombés en amour pour cet archipel et pour
ses habitants. Nous avons de la chance, la météo n'est pas favorable
pour notre navigation. Nous venons de décider de laisser passer un
petit coup de vent annoncé par André. Probablement qu'on pourrait
l'affronter, mais on est si bien ici. Ce prétexte pour y traîner
encore un peu nous convient parfaitement.
Nous reprendrons la mer pour continuer notre route de l'atlantique la semaine
prochaine. Il nous reste environ 900 milles pour atterrir sur les côtes
du Portugal. Nous viserons un site conseillé par Serge, près
de Lagos.
Mais avant Lagos, on a encore bien de la mer devant nous, à perte de
vue.
Lune de Miel est posé à la Marina depuis quinze jours. Ponta
Delgada et l'île de Sao Miguel nous offrent un séjour idéal
mais la mer nous manque pour de bon.